lundi 12 octobre 2015

Louvre-Lens: D'OR et D'IVOIRE, Paris Pise Sienne Florence, sculptures

A Paris le gothique rayonnant sous Louis IX se voit dans la sculpture, l'architecture, les manuscrits, les ivoires ( petites sculptures), l'orfèvrerie, les vitraux. La Vierge à l'Enfant, calcaire lutétien, du trumeau du transept nord de Notre Dame de Paris, Jean de Chelles 1250-1258, a son importance par le traitement du volume et des drapés. Par le voyage de personnes et d'objets le style parisien se déplace en Italie, où les sculpteurs et les architectes italiens ( ex: les Pisano ) s'en imprègnent en revisitant également l'art antique. Au retour vers Paris de nouvelles techniques italiennes apparaissent. A Paris on travaille le calcaire lutétien, en Italie c'est le marbre qui est choisi. L' ivoirerie domine en Ile de France, les sculptures en bois sont nombreuses de l'autre côté des Alpes. Je vous laisse apprécier ces quelques photos de sculptures  montrées dans cette belle exposition .

 Groupe de Déposition: Vierge, St Jean, Christ de Déposition
                                      peuplier et noyer, polychromie, 1250, Prato-cathédrale, musée de Cluny
Modèle bysantin, figure longiligne, hiératique, drapés collants, tristesse des figures, noyer.



Drapés collants, plis à becs pour le manteau, peuplier. Les visages sont tristes.




Drapés arrondis, fluidité des plis. La polychromie est un  refait tardif, peuplier.




Christ bénissant, décor extérieur du baptistère de Pise, marbre, Nicola Pisano vers 1270, Pise Museo de'll Opera del Duomo.
Modèle iconographique bysantin nommé "Déisis". Le Christ était entouré de la Vierge et de St Jean Baptiste. Chevelure au trépan, Yeux enfoncés, bouche ouverte.



 Groupe des Trois apôtres, vers 1270, marbre, Pise,provenant d'une chaire, Nicola Pisano.
Londres, Victoria and Albert Museum.
St Jacques, St Paul.

Tradition antique, mais avec des poses et des drapés rappelant l'art parisien. St Jacques, St Paul et St Pierre.

St Paul.




Une Vertu ( la Foi? ), Nicola Pisano, marbre, Pise, 1265-70, provient du Monument funéraire de St Dominique de Bologne, Paris musée du Louvre.
Visage plutôt antique lisse, belle exécution de l'ornement du Vêtement bysantin.




Descente de Croix, ivoire Paris, 1260-70, ensemble de dévotion unique et complet: Joseph d'Arimathie et le Christ, la Vierge, L'Eglise, la Synagogue, St Jean, Nicodème; polychromie, dorure; Paris musée du Louvre.
silhouettes longilignes laissant deviner le corps sous les plis et les drapés exceptionnels. Expression forte des visages. Grande fluidité des différents mouvements de la scène.

L'Eglise, la Vierge, Joseph et le Christ, Nicodème, St Jean, et la Synagogue.

Impressionnant noeud à l'arrière du tablier de Joseph d'Arimathie.

La Synagogue: tête penchée les yeux bandés,main gauche recouverte du tissu tenant les tables de la Loi à l'envers; une lance brisée aurait pris place dans la main droite.

Nicodème, St Jean:le phylactère a été rajoutté plus tard. Elégance des mains de St Jean:la droite soulève un pan de manteau pour essuyer des larmes, la gauche tient le Livre .

Emboîtement des plis à becs.

Précision exceptionnelle du noeud à l'arrière du tablier.




Ange de l'Annonciation, Nicola Pisano, Sienne 1265-68, marbre, Berlin



inspiration antique pour les plis et les coutures du vêtement.




Ange sonnant de la trompête, Poissy, après 1297,craie, polychromie, Paris musée de Cluny.
Plis tuyautés obliques, plis profonds ondulants, hanchement marqué, joues bien gonflées, bouclettes pour les cheveux.

Fin cordon d'une grande finesse pour resserrer à la taille.





Christ en croix, Giovanni Pisano, 1290-1310, ivoire, polychromie, Londres Victoria and Albert Museum.
Grande finesse, côtes saillantes, ventre un peu bombé, tête aux yeux fermés, inclinée vers le bas du Christ plongé dans sa souffrance.






Pupitre, Homme de douleurs porté par deux anges, ,marbre, Giovanni Pisano, Berlin.

L'Homme de douleurs existe dans la tradition bysantine des icônes, par contre l'entourer de deux anges est une représentation nouvelle. Aspect assez pathétique, Giovanni est moins sobre que son père.






Vierge à l'Enfant, bois, sculpteur français, Pise, Pise Museo Nazionale di San Mattéo, vers 1260.
Le sceptre était dans la main droite de la Vierge et le globe dans la main de Jésus. Sourire discret, drapé rappelle la sculpture parisienne gothique.




St Ansanus,noyer, Agostino di Giovanni, vers 1320, Sienne, Paris musée du Louvre.

Figure hiératique, plis en tablier et plis en becs évoquent l'école française.

visage allongé, long cou, lèvres bien en forme, arcades sourcilières prononcées, yeux en amande.


La sculpture est constituée de plusieurs morceaux assemblés. Elle est évidée par l'arrière.





Ange de l'Annonciation, noyer, Nino Pisano ( atelier ), 1360-80, Paris musée de Cluny.
Délicate torsion du corps, taille humaine, donnant un volume impressionnant.



Belle succession de plis en cuvette.




Le manteau recouvre l'épaule gauche.



 Apôtre, Guillaume de Nourriche, calcaire lutétien, 1319-24, église St Jacques de l'Hôpital, taille réelle.

Plis serrés et anguleux pour épouser le corps et donner ce fort hanchement. Bouclettes au niveau des cheveux et de la barbe.

"curiosité " du dos.


Vierge de l'Annonciation, Giovanni d'Agostino, marbre, vers 1330, Paris musée du Louvre.

Superbe sinuosité et élégance de la pose, détails au niveau de l'orfroi de la robe, voile léger retombant sur l'épaule, yeux étirés, bouche ouverte. Beaux plis du devant donnant de la "masse" au vêtement.



 Vierge trônant et l'Enfant, calcaire d'Ile de France, vers 1280, Paris musée de Cluny.

Finesse exceptionnelle avec traces de polychromie, pli profond entre les jambes, lourdeur du tissu bien ressentie, de même que le corps avec ce ressèrement au niveau de la taille. Notez le pied de la Vierge posé sur l'oreillet qui du coup se creuse.



Le trône est traité comme un orfèvre en une microarchitecture, motifs qu'on retrouve dans les églises: quadrilobe évidé au-dessus des arcatures, motifs végétaux identifiables sculptés.





Autre raison de venir au Louvre-Lens, la Galerie du Temps: immense espace à la lumière si particulière où sans aucune cloison ou séparation, on déambule Librement parmi des peintures, sculptures, dessins, céramiques, porcelaines, terre cuite, vitraux, objets d'art, s'échelonnant entre le 4ème millénaire avant Jésus Christ et le milieu du 19ème siècle. C'est unique.